Nous décidons de tenter une nouvelle expérience clownesque :
nous allons, tout simplement, sortir au centre commercial huppé de
Grenoble.
Nous sommes 3. Nous nous habillons chiquement, en tout cas plus chic que ce
que la prononciation de ce mot laisse entendre. En résumé, habit chic,
maquillage léger et nous voila prêt à quitter le clownistan et vivre un
petit bout de vie des gens ordinaires, faire des courses dans un grand
centre commercial tendance.
Tout est neuf, tout est beau, les galeries extérieures, les gens (si si,
ils sont tout neuf pour nous), voila la vie de la consommation, c’est
alléchant. Nous allons dans la galerie couverte pour entrer dans le
premier magasin, un magasin de vêtement city sportware.
Deux vendeurs, jeunes, pas tellement plus de client.
Je ne sais pas quoi faire, le mental travaille, je n’arrive pas à
décrocher, je regarde des chemises, tente de ne pas en faire trop. Comme
on nous a dit au cours d’un autre stage : “Ne pas pécher par excès de
générosité, on veut souvent trop en faire, trop en donner, trop vite,
dans l’excitation. Déjà, dehors, avec son nez, sa posture, ses habits,
son maquillage, ne rien faire, c’est déjà beaucoup.”.
J’entends “s’il vous plaît est-ce que vous pourriez ne pas entrer et
sortir comme ça”. Je tourne la tête et vois Paillette zigzager autour
des portiques antivol.
– ah bon ?, demande t-elle.
– Oui à chaque fois que vous passez ça enregistre l’entrée d’un client,
et à chaque fois que vous sortez, ça l’enregistre aussi.
– Ah ? et c’est embêtant ?
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