Bye Bye Bayer, Ciao Monsanto

https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/assieger-bayer-monsanto-lyon


Opération tarte aux myrtilles à Lyon ce week-end.

Un sms tarte aux myrtilles et nous voila 3 grenoblois, deux clowns et un
ange, en route pour Lyon et la journée des soulèvements de la Terre
contre Monsanto-Bayer.
https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/graff-danse-et-occupation-contre-monsanto
Tout était prévu, cadré millimétré, organisé, un lieu, une heure, un
costume, un pretexte clown et une tarte aux myrtilles.
« De toute façon, rien ne se déroulera comme prévu non ? » en effet Maguy,
tu as encore une fois raison.

Nous arrivons au local après seulement 3 demi-tours, et top départ :
maquillage, costumage, chauffe des pieds et des corps (les pieds, la
tête des clowns, ont une place à part) et partons en marchant, 9 clowns
et 2 anges vers le lieux de rendez-vous suppposé, une place de marché
proche du bulding de Bayer-Monsanto. Notre pretexte clown est mort à la
vie, vive Bayer vive le cancer, Monsanto c’est rigolo, et toutes ces
sortes de choses. Nous sommes costumés en combinaisons blanches, badges
de symbole produits chimiques, toxiques, explosifs sur nos vetements,
slogan outrageusement pro Bayer-Monsanto, pistolets à eau, bulles et
pchiiits à OGM à la ceinture. Le pretexte humain est plutôt évident.

Comme à chaque fois où nous devons rapidement rejoindre un lieux, nous
trainons, chaussons nos nez, commençons à clowner avec les gens et le
mobilier et immobilier urbain. Nous sommes légers et enjoués, contents
de se retrouver et de clowner ensemble. Nous descendons l’avenue et
avançons naïvement vers la grappe de gendarmes un peu plus bas. Afin d’y
mettre un peu de style, nous nous mettons en rang d’oignon (à la queu
le-le) et continuons d’avancer. Je ne sais pas où nous sommes, je pense
que tout va bien aller, qu’il vont nous laisser passer, ils ont l’air
calme et au repos, pas de tension, personne sur l’avenue, que les
fervétus, gens d’armes de la république démocratique d’infrance, pas de
manif, pas de rassemblement. On va passer, marcher encore un peu, et on
va retrouver la manifestation, imagine-je.

Que nenni, que nenni, que nenni et que nenni… 4 fois en tous.



1- Trois gendarmes nous font signes de stopper, et contrôles nos sacs.
C’est détendu, j’appele Chabal le costaud barbu à qui je montre mes
affaires, cela le fait sourire. Je test un à un mes 3 récipients à
bulles de savons pendant que les automobilistes passent, certainement
interloqués devant 9 clowns ainsi contrôlés.
Je pense à un gag, c’est vrai, pourquoi nous contrôler, ici, il n’y a
personne. Sans réfléchir, nous continuons notre chemin sur la même voix.

2- la dizaine de fervétus, devant nous, nous font signes de nous
arrêter. Je pensais qu’une fois contrôlé par les collègues 20 mètres en
amont, ils nous laisseraient passer. Et là, c’est la totale, visage
autoritaires et fermés, contrôles des pièces d’identité, fouille
consciencieuse des sacs, photo des pièce d’identités et de nous,
plusieurs fois. Certains certaines d’entre nous arrivons à jouer un peu,
une clown n’ayant pas ses papiers sur elle flippe pas mal, mais réussi à
se mettre de côté, elle sera super venère par la suite de notre naïveté
d’approche au milieu des bleus.
De mon côté, je joue un peu et essaie de passer outre le contrôle en
bougeant, chantonnant « bambali bamba », m’enfonçant dans un buisson sec,
répondant « oui oui » quand ils me demandent si j’ai bien été contrôlé.
Cependant, je ne comprends toujours pas… pourquoi nous contrôlent
t-ils avec tant de zèle ? Je lève les yeux et… sur le trottoir d’en
face je vois l’énorme, l’obscène, le dégeulasse logo Bayer sur
l’immeuble d’en face ! Ah oh ih uh… en fait nous étions en train de
faire le siège de Bayer, tout seul, sans le savoir. Voilà l’explication
à tant de zèle.
lol
Nous nous sommes tout simplement jeté dans le gueule de l’état.
À ce moment là je suis super déçu et dans une profonde
incompréhension… il n’y a per-son-ne… que des fervétus et nous…
ben elle est où la manif ? Ils sont où les assiégeants ? Le building
Bayer se dresse victorieux sous le soleil.
Ta race le building, les photons dans ta face !
Finalement, ils ont ma carte d’identités, la prennent en photos, me
prenne en photo, rendent les cartes d’identités que nous partageons
entre nous, les échangeons, discutons dessus, des cartes d’identité
changent de main dans tous les coins. N tend la sienne vers une
fervétues
« et elle vous lui avez rendu sa carte d’identité ou pas ? … Tenez, je
vous donne la mienne »
Elle et sont acolyte en bleu sourient.
Mouvements, jeux, stress, choc, autorité, légalité, sécurité globale,
pouvoir, innocence.
Nous repartons en rang d’oignon après un salut clownitaire.
Perso ça va, mais je ressent gène et tension dans notre groupe. J, qui
n’a pas sa carte d’identité, malgré nos consignes de départ, rouspète de
notre naïveté et de notre impréparation. Nous en rediscuterons plus
tard, mais elle veut vite quitter les lieux et éviter les contacts avec
les gendarmes et forces de l’ordre… ça se comprends.

3- Nous traversons rapidement la rue, et bifurquons perpendiculairement
pour s’éloigner de la tour de Sauron. Je suis à la traine avec N. Une
jeune fille, très souriante, nous accoste et demande ce que nous faisons
là, qui nous sommes et toutes ces sortes de choses. Nous commençons à
lui parler quand deux fervétus s’avancent et lui demandent sa carte Id.
Oh ! sérieux là ? ça commence à faire non ?
Il amène la gamine avec eux, nous les suivons et nous justifions auprès
des gendarmes :
– Nan mais on ne la laisse pas toute seule, c’est notre amie on
l’attend.
Les bleus regardent sa carte Id, la photographient (il me semble) et
elle repart avec nous.
Nous voici toutes et tous joliment dans les petits fichiers de la
république démocratique d’infrance… «activistes» ? «sales gauchos» ? «bougnouls» ? (comme disent les keufs)
quelle excuse à venir pour nos saquer ?

4- Nous faisons 100 mètres et prennons une petite rue pour aller vers la
place du marché, et nous arrétons, hors de vue des armesgens, pour faire
un point sur ce qui venait de se passer. Certains certaines sont
oppressés. Une moto, un conducteur et un passager, s’arrètent tous 3 à
notre niveau. Ce sont des keufs en civil sur un moto en civile.
Le conducteur, basané, mal rasé, « c’est un seigneur de haute mine, poil
noir, teint basané, œil perçant, dents blanches et une cicatrice à la
tempe. » — Alexandre Dumas — nous dit sans animosité aucune, plutôt
détendu et amusé. Il est tel le mamelouk apparaissant sur sa monture, beau et fier au soleil levant.
– Qu’est ce que vous faites ici ? Pourquoi vous êtes dans cette rue ? Il
y a des caméras partout et la zone est interdire, par arrété
préfectoral, à tout civil.
– Ben, euh… on cherche à aller place du marché, on s’est déjà fait
contrôlé 3 fois par les gendarmes et ils nous ont dit de passer par là.
– Ah, bon ? mais ils ne devaient pas contrôler, juste ne pas laisser
passer. Ils bossent pour nous normalement, et ils vous ont dit de passer
par là ? vraiment ? ‘tain ils font n’importe quoi.
– Ben oui. Ils nous ont dit de passer là.
Nous sommes un peu perdu pour de vrai, et lui vraiment sympas pour de
vrai.
Voyant nos mines trites et déconfites, il nous rassure
– Bon, tournez à droite là-bas, vous arriverez à une rue d’où vous
verrez la place du marché… et en chantant, hein, allez, allez-y en
chantant !


Cheminant désabusés, tendus ou grognons, que nous arrivons au marché où
clown M nous rejoint. C’est une petite place entourée de quelques bars
et commerces (place de Valmy) et au milieu, aglutinés dans l’espace de
mécontentement autorisé par la préfecture, la kermesse des rebels. Tant
pis pour le siège du siège de Bayer-Monsanto. Bon ben, allé, on va
essayer… au moins j’ai mon truc à faire des bulles. Avec N, mon
super-binome-trop-fort, on se fraye un chemin en pleine rébellion-bière
en faisant des bulles « les lobbies vous aiment, aimez les lobbies » ou
« vous voulez la santé et la sécurité ? Oh ouiii ? Avec Bayer, une santé
de fer, Monsanto pour aller plus haut. ». Bon le coeur y est pour
personne, ni nous, ni les rebels stockés là.
Nous nous retrouvons peut après à la table d’un bar. On papote, certains
certaines prennent un conso, on tente un commencement de début de 1-2-3
soleil émotion.
Décidement, l’ambiance n’y est pas.
… tic tac … tic tac … je tourne en rouge dans mon nez, rien rien
rien… pas de rébellion, ça papote, ça fait des interviews, ça échange
des affiches ou des tartines de purée de poix verts à la pomme de terre
de piment de l’ariège… bien bien bien… j’aurai sans doute apprécié
en autre circonstances…
je tourne en rouge… je tourne en rouge…
« Aller on va manifester tout seul ! ».
On sert à ça les clowns quand même, à jouer à la liberté.
Je prend mon bout de flute accroché à mon chien en peluche et c’est
parti.
– tuiiiiii tuiiiiii manifestation sauvage ! Bayer-Monsanto ! tuiiiiii
tuiiiiii manifestation interdite ! Bayer-Monsanto ! la police aime
Bayer-Monsanto, Bayer-Monsanto aime la police tuiiiii tuiiiii
J’avance au milieu de la route vers le boulevard Bayermonsanto.
– tuiiiiii tuiiiiii manifestation interdite ! tuiiiiiii tuiiiii
Je crois, enfin, je suis certain, que N me suit.
Les fervétus en repos se placent au milieu du boulevard pour nous
empécher de passer. 2 nez rouges et 20 bleus. J’aime ce rapport de
couleur, ça fait de belles images.
Je suis plein d’énergie, dans mon élément, en impro totale. Je sens que
je pars en speech non contrôlé. Le petit H, mes 5% du cerveau les plus
éloignés en vigilance, prévient Bubu : « pas de colère, pas d’invective
directe sur les bleus, la guerre avec amour »
Je ne suis plus dans la lutte bayersanto, ça sort tout seul… je
m’étais dit que je ne le ferai plus, mais c’est plus fort que moi, c’est
mon malêtre qui ressort malgré tout. Cependant mieux contrôlé
maintenant.
« macronie, non essentiel, 10000 postes de policiers, 0 infirmier, 0
enseignants, culture non essentielle, pas besoin de manger ni de vivre
pour les artistes, Churchill, culture, non essentiel, pourquoi nous
faisons la guerre alors, tout le monde fait son taf, faut remonter aux
chefs, vous vous faites que votre taf, tous besoin d’un taf… »
C’est plutôt maîtrisé, empathique, ça fait un peu d’effet.
« peut-être j’ai battu certains d’entre vous à League Of Legend, non, si,
je suis pas si bon,…,Darmanin, Prali, Bachelot, impôts, non essentiel,
flashball… »
Bon, ça va… pas si pire.
N se place entre les deux officiers en première ligne en faisant le gros
costaud en colère, lol, trop fort.

Clowns L et M nous rejoignent, et nous jouons tous au milieu de la rue.
Devant la ligne de matraques, des passants, non manifestants, traversent
et nous demande ce que nous faisons là.
Puis, une femme arrive avec un vieux monsieur criant et menaçant de sa
canne, elle peine à le contrôler et le frappe par deux fois au visage.
Il avance vite cherchant quelqu’un, quelque chose à frapper, elle
trébuche sur le trottoir. Nous sommes chez Zola. Nous l’aidons à se
relever, elle ne parle pas français, « vodka, beaucoup vodka, lui »
dit-elle. Elle a mal au genou. N se baisse :
– un bisous magique et on a plus mal
Il l’embrasse sur le genou… ouhaou… elle a plus mal et prend sa main
dans ses deux mains, et le prend dans ses bras, très émue.
Je fais pareil, tellement c’est beau, je me baisse et embrasse son
genou, mains et embrassades suivent.
clown clown clown
Un ange gardien vient nous prévenir que ça part en manif derrière. Il y
a un parcours officiellement préfectoral prévu, loin de brayersanto.
Deux clowns arrêtent et rentre chez eux, ils ont assez données avec les
multiples contrôles des bleus.
Maintenant c’est manif-party, l’énergie afflux. On va dans le connu,
juste la ville qui change. Même qu’il y a beaucoup de monde… bulles,
jeux, gamins, chiens, parcours, batukada, fanfare… ça fait plaisir.
Jouons à « Où est N ? » En haut d’un abris bus ? Sur la suspente d’un pont
? ou les deux à la fois ?

La manif ralenti puis s’arrête. Tout droit ça monte et croise un
boulevard emprunté par les voitures, la voie de notre côté est bloquée
par une armada de keufs, et, à droite, une voie descente sur les quais
pour passer sous le boulevard. Il y a un black bloc à Lyon, chouuuuette,
et il est devant, face aux keufs, à une centaine de mètre en contre-bas.
Envie d’y aller. N et moi traversons la manif, je siffle en passant dans
le block
– tuiiii tuiiii première somation, tuiiii tuiiii deuxième somation
Pas de « taaa gueule » tant pis, je continue à avancer.
– tuiii tuiii, vous êtes en état d’arrestation, aller quoi, laissez vous
arrêter, personne m’écoute jamais, snif.
Ça les fait sourire.
Nous arrivons au no man’s land entre le block et les keufs <tadadam>.
Aller, on continue à avancer… même si le 5% sécurité du cerveau tique
un peu.
Le keuf-en-chef avec son écharpe rouge :
– blah blah blah préfecture, parcours, interdiction, blah blah blah,
première sommation
Nous continuons à monter, ça va pas mal en fait, c’est cool.
– blah blah blah préfecture, parcours, interdiction, blah blah blah,
dernière sommation
Nous sommes à quelques pas des keufs et des photographes, qui nous
prennent en photo. Ça j’aime bien les photos, ça doit être rigolo comme
scène.
Je tente en direction des keufs :
– on entends rien avec votre mégaphone, ils vous entendent pas en bas,
faut qu’ils fassent quoi ? C’est pas assez fort, ils peuvent pas
entendre au fond.
Je me tourne face aux manifestant et fait de grands gestes
– Alors, le monsieur il a dit qu’il faut allé par là (je tends le bras
bien à droite) par là (je tends le bras bien à gauche) ou par là (je
tends le bras bien devant), mais pas par là (je me retourne et tends le
bras bien vers le boulevard et les keufs).
Le keuf-en-chef continu
– blah blah blah les sommations d’usages ont été effectuées blah blah
blah, nous allons faire usage de la force
Le 5% vigilant dans la tête de Bubu serre les lobes, pendant que Bubu,
en plein effet tunnel, répète, avec les mêmes gestes.
– il faut allé par là (bras à droite) par là (bras à gauche) ou par là
(bras devant), mais pas par là (bras derrière).
Le bloc a t-il bougé ? La manif part-elle sur la droite ? Sans doute car
la ligne des keufs se dispersent. N et moi montons vers le boulevard et
traversons.
Je m’arrête au milieu keuf devants, keufs derrières, discute avec une
automobiliste, lui expliquant le pourquoi de la manif.
Un policier me dit
– vous ne pouvez pas rester là, il vous faut suivre la manifestation.
– par où ?
– par là, il y a des escaliers qui descendent
Je m’y rend, les keufs s’écartent pour me laisser passer et je rejoins
la manif.
Un peu de déambulation, c’est jolie les quaies du Rhones. Je joue avec
un chien, nous prennons notre temps et nous retrouvons en queue de
cortège. F n’est pas loin de chez lui et quand à nous, nous allons
suivre un peu le cortège puis retrouver le chemin du local.
Un peu derrière nous je remarque la voiture de la police municipale avec
deux keufs tranquilles, qui roulent fenêtre ouverte. Je ne peut m’en
empécher et m’en approche. La conductrice me regarde et je lance très
sérieusement :
– Bonjour, nous avons un projet écologique, …, nous voulons remplacer
vos girophares bleus par des girophares verts. Qu’en pensez vous ?
Surpris, les deux keufs éclatent de rire.
La conductrice me répond
– ah bien sur, c’est une bonne idée.
– nous avons besoin de votre avis, vous croyez que ça va marcher ?
– ah mais c’est sur, je me demande comment personne n’y avait penser.
Ça me fait toujours des étoiles dans la tête ce genre de scènette.
– ah ben merci alors, bon, vous en parlerez à vos collègue, hein ? on va
lancer le projet, merci beaucoup, hein, et au revoir.
Je fais signe et pars, elle repond à mon signe tout sourire.

Un keuf qui rigole c’est un bébé phoque qui survi une heure de plus !

Nous enlevons nos nez éclairé par au moins douze camionnettes de keufs,
girophares bleu-mal-de-tête en marche. M, notre ange patou de berger de
clown, nous regroupe.
Quelques scénettes, discussions et interactions avec des jeunes du bloc
ou des lignes de keufs, et nous cherchons un passage autorisé pour
pouvoir rentrer. C’est pas facile, les keufs semblent tout bloquer. Un
projectile vole en leur direction. Face indignée d’un officier… oh mon
dieu, c’est trop trop grave ouloulou… aller il faut qu’on rentre
maintenant…
De petites rues en très petites rue et traversée de parc, l’ange J
arrive à nous ramèner au local par des chemins détournés et non
surveillés.

Quelle aventure ! Débrief, rangement et tarte aux myrtilles…
Liberté du clown, et puissance douce.
Ça permet de tenir jusqu’à la prochaine fois.


*** *** ***

Je reviens sur nos différence de points de vues sur nos contrôles des
keufs en début de sortie.
J qui n’avait pas ses papiers, a été très stressée.
En France, nous avons le droit de ne pas avoir nos papiers sur soit. Si
les keufs ne croient pas à l’identité que nous fournissons, ils peuvent
nous embarquer au max 4 heures pour la contrôler. Ils peuvent également
demander aux personnes du groupe de confirmer notre identité.
Mais ce n’est pas le sujet… J pense que nous avons été comme des
petits hamsters sans cervelles à ce jeter dans la gueule du loup,
photographiés, carte d’indentité photographiées, et que cela était
absurde. Nous aurions pu facilement faire demi tour, trouver un autre
chemin et éviter ces contrôles.
Nous avons cependant eu des ressentis différents.
J sans papier id sur elle, en stresse et colère se plaint du manque
d’organisation,  de consigne préalablement définie en cas de contact
avec les keufs
Dj, qui a connu les checkpoints militaires dans l’humanitaire, a été
très stressé et nous a quitté avant le départ de la manif
A s’est bien amusé avec les bleus, a bien aimé cette scène absurde et
visuelle de clowns en contrôle
L, toute petiote, toute mimi, que l’autoritarisme caricatural du plus
grand mâle des costauds des keufs à gavé, a vidé consciencieusement son
sac devant lui en commentant chaque éléments s’y trouvant.
J’extrapole à peine :
– ça c’est une gant pour la main droite, on peut y placer chacun de nos
doigts, mais seulement ceux de la main droite… ça c’est un gant pour
la main gauche …
B test tous ces flacons à bulles de savons pour leur montrer que ce
n’est pas trop trop dangereux
N échange sa carte d’identité

Puis les motards en civils. Sur le coup je ne savais pas trop comment le
prendre, nous venions de subir par trois fois les contrôles zélés, et
par bien des aspects, illégaux, des bleudarmes et j’était bien bien
stressé pour notre collègue stressée, j’étais déçu et un peu désabusé,
mais quand j’y repense je suis ému par l’attitude compréhensive,
bienveillante et rassurante du motard en civil, notre beau chevalier mamelouk. Un
peu d’humanité de la part des matraques de l’ordre fait du bien, et
c’est toujours ça de gagner pour les bébés phoques.

Dans mon appréhension du clown activiste (aka clowna), c’est plutôt bien
de se confronter à l’autorité publique directe, celle que chaque citoyen
peut être amené à subir, même si cela peut être stressant ou
inconfortable. Nous pouvons être testeurs de limites, ou, à défaut,
déclencheurs d’absurde. J’aime voir les photos de clownas au milieu des
uniformes et de démonstrations d’autorités, ça les rend d’autant plus
ridicules et innapropriées. 12 keufs qui fouillent des … des …
clowns ?
Cela rejoint l’article
https://nanos.clowna.fr/2022/01/25/faire-la-guerre-avec-amour/

« Parce que le clown aime l’échec, des actes de répression peuvent
devenir occasion de jeu. À chaque fois que la police nous jette en
prison, nous nous y précipitons de plein gré, faisant de la cellule une
aire de jeu, puis nous sautons dehors à nouveau (ou nous nous entêtons
indéfiniment à essayer de sortir) et nous les supplions de nous y
remettre. Afin de tourner en dérision les lois anti-terroristes
d’arrestation et de fouille, souvent utilisées pour intimider les
manifestants, nous remplissons nos poches d’objets idiots : chapelets de
saucisses, sous-vêtements, canards en caoutchouc, cochons rembourrés en
peluche rose, gadgets sexuels, nains de jardin miniatures, vieux os,
petits tanks, ventouses, etc., qui doivent tous être déposés sur la
chaussée lors des fouilles. Des douzaines de policiers fouillant une
armée de clowns, c’est un spectacle assez étrange, mais lorsque les
badauds voient les objets exhibés l’absurdité de la situation devient
criante. »

Bien sur, il faut rester prudent avec nous même… finalement j’ai bien
aimé cette scène, il y a matière à jouer, vraiment… ça fait sens pour
mon clown activiste et il y vraiment matière à jouer plus la dessus…
et puis, tout c’est bien terminé… ouf…

Tarte aux myrtilles !




bisous, espoir et lutte